La Minoterie avant de devenir « L'Atelier-Brocante »
Deux maisons, un entrepôt, faisant face au port, et une propriété de plan en U occupent cet emplacement au début du 19e siècle (et sans doute aussi au 18e) si l'on se réfère au plan cadastral de 1832.
Les bâtiments en U, orientés vers l'est, appartiennent alors à Jérémie Roudier, demeurant à Sablonceau, qui les a acquis en 1812 par adjudication au détriment de Samuel Zimmerman.
À côté, vers l'Est, Daniel Dumas, marchand graisseur au bourg, possède un magasin hérité en 1812 également de son beau-père, Pierre Bourdin époux Bon.
La partie la plus à l'Est de ces bâtiments (jouxtant le 28 Quai de l'Estuaire), dont la maison et l'entrepôt Dumas, est achetée en 1862, selon le cadastre, par Pierre Vérat (1807-18478) époux Manseau. Ce meunier, dont la famille est implantée dans le quartier des Moulins, à l'Ouest du bourg, possède la maison de la Charmille et plusieurs moulins autour. Profitant du développement du port, Vérat abandonne alors la meunerie à vent des terres hautes pour créer une minoterie industrielle et portuaire.
En 1864, toujours d'après le cadastre, il construit, à la place des bâtiments qu'il a achetés sur le port, un premier moulin à farine. Ce moulin est équipé d'une machine à vapeur qui fournit l'énergie nécessaire à son fonctionnement. La nouvelle propriété Vérat comprend aussi une maison, où Pierre Vérat s'éteint en 1879 (la famille Vérat n'achètera les maisons voisines, aux numéros 24, 26 et 28, qu'en 1929).
Dès 1873, Pierre Vérat fils (1832-1908) époux Tétard, qui prend la succession de son père à la Rive, achète la propriété voisine, en U, vers l'Ouest (autrefois détenue par Roudier).
Après l'avoir fait démolir en 1894, il fait construire à sa place un nouveau magasin à blé, et, en 1899, une nouvelle minoterie, avec atelier de fabrication, magasin à farine et salle de triage : il s'agit sans doute du corps du bâtiment, le plus haut, avec toit en ardoise, qui domine encore aujourd'hui la rive droite du port ; sur des cartes postales prises vers 1900 (avant l'élargissement du port), il apparaît encadré par des bâtiments plus bas, à un étage, dont, à sa droite, l'ancien moulin aménagé en 1864. Toujours mue par la vapeur (d'où la présence de hautes cheminées en brique), la minoterie reçoit les blés des environs et ceux acheminés de tout le Centre-Ouest atlantique, via le port, et les transforme en farines expédiées notamment vers le Médoc, Bordeaux, et l'étranger.
À partir de 1905 environ, pendant que l'on procède à l'élargissement du port, la minoterie fait l'objet d'importants travaux d'agrandissement. Dès 1907, à droite du grand corps de bâtiment, l'ancien moulin à farine est augmenté d'un étage et d'un haut toit à croupes en tuiles mécaniques.
À l'opposé, à gauche du grand corps de bâtiment, et perpendiculairement au port, un magasin de stockage du son est édifié en 1909. Magasins, quai de chargement, bureaux, silos à blé et hangars complètent le dispositif à l'arrière, de part et d'autre de la rue de l'Europe. Ces travaux nécessitent l'arrêt de la production pendant toute l'année 1909, mais au terme de l'opération, la capacité de l'usine atteint les 700 quintaux de blé par jour.
L’électricité est installée au début du 20e siècle, mais en 1936, la force motrice normalement employée de 120 chevaux est fournie par un moteur à gaz pauvre Winterthur. L'équipement se compose alors de 3 broyeurs, 7 convertisseurs, 1 désagrégateur, 2 plansichters, 1 bluterie centrifuge, 2 bluteries rondes et 1 bluterie hexagonale.
Après la mort de Pierre Vérat-Tétard en 1908, l'entreprise passe aux mains de son fils, Pierre (1866-1943), et de son gendre, Jean-Baptiste Dugoujon (1862-1935), maire de Mortagne de 1904 à 1935 (notamment lorsque le port modernisé est inauguré, en 1911). La minoterie est plus tard tenue par le gendre de Jean-Baptiste Dugoujon, Robert Fleuri (1891-1961).
Après la Grande Guerre, la minoterie Vérat-Dugoujon est fortement concurrencée par les Grands Moulins de Bordeaux, et sa production est contingentée à 250 quintaux dans les années 1930, en raison de la surproduction du secteur.
En 1969, la société des Moulins de l'estuaire est créée par l'association de l'établissement Fleuri-Dugoujon avec la minoterie Chevalier, des Monards (à Saint-Seurin-d'Uzet).
Dans les années 1980, l'ensemble du matériel de mouture est renouvelé et modernisé.
En 1990, la minoterie est rachetée par le groupe Gers-farine. Elle emploie 22 personnes jusqu'en 1999. À partir de cette date, la société ne fabrique plus à Mortagne, où ne s'exerce plus qu'une activité commerciale.
(Merci au "P'tit Mortagnais" pour cet article !)